“Aux chiottes l’expo!” La lutte pour l’accès aux toilettes n’est pas médiatisée à sa juste valeur
La contamination de l’environnement humain par les matières fécales entraîne la transmission de maladies diarrhéiques au nombre desquelles on peut citer le choléra ou la typhoïde. 1,8 million de décès par an sont liés à ces maladies dont 90% concernent des enfants de moins de 5 ans, ce qui en fait la deuxième cause de mortalité infantile dans le monde. Outre ces maladies dites d’origine fécales, l’hépatite A et la poliomyélite se transmettent également à cause des problèmes d’hygiène posés par l’absence de réseau d’assainissement.
L’autre problème majeur est celui de la contamination de l’environnement. Le rejet sans traitement des eaux usées et des excréments entraîne la pollution des eaux de surface (rivière, lac, mer) ou des nappes phréatiques.
Ce qu’il manque pour que ça change: comme souvent, une volonté politique. Mais les militants expliquent «quand on va voir un élu pour lui proposer d’aider à l’assainissement d’un village en Afrique, il nous répond que ses électeurs en ont rien à foutre de savoir qu’il a construit 50 chiottes au Nigéria.» Inaugurer un puits est plus gratifiant que des toilettes. Et effectivement, on n’imagine pas une épouse de président choisir comme cause à parrainer les «problèmes d’assainissement». Toutes les causes humanitaires ne sont pas égales devant les règles de la bienséance.
Pourtant, la mairie de Paris a décidé de faire un effort et de laisser un espace aux associations pour exposer l’ampleur de la catastrophe sanitaire. Un espace qui, évidemment, n’était pas dans les salons dorés de l’Hôtel de Ville mais devant l’église Saint-Eustache. Pendant quatre jours, les parisiens sont donc passés devant des panneaux qui tentaient de les interpeller :